Overview

Cet essai propose une lecture inédite de l'évolution humaine à travers le prisme de la régulation émotionnelle et des technologies psychocorporelles. À la croisée de l'anthropologie, de la psychologie et des neurosciences, il explore comment la domestication du feu - première source d'énergie externe maîtrisée par l'humanité - a inauguré non seulement le Paléolithique supérieur, mais aussi un nouvel ordre psychique, social et symbolique. En permettant à l'espèce humaine de transformer son environnement, le feu a ouvert la voie à l'émergence de la conscience réflexive, de la temporalité et du langage. Mais cette conquête s'est accompagnée d'une fracture: la rupture avec la nature. Ce moment charnière marque l'origine d'une vulnérabilité psychologique nouvelle, liée à la conscience du bien et du mal, à la responsabilité et à la peur de la perte. Le feu, en tant que méta-technologie fondatrice, ne fut pas seulement un outil, mais un principe organisateur des sociétés humaines. Il a permis la cuisson, la métallurgie, l'éclairage, l'abri et la socialisation nocturne, tout en exigeant vigilance, discipline et anticipation. À partir de cette dépendance énergétique et symbolique s'amorce une spirale évolutive: chaque innovation technique accroît la puissance de l'espèce, mais aussi son besoin de se réguler face à ses propres excès. L'essai montre que cette tension entre expansion et équilibre, entre maîtrise et vulnérabilité, constitue le fil conducteur de l'histoire humaine. En retraçant les origines de la régulation émotionnelle, l'auteur propose une véritable archéologie du soin psychique. Avant la domestication du feu, les hominidés trouvaient la sécurité dans les cycles naturels; après son contrôle, ils durent inventer des formes culturelles d'apaisement. Dans les rituels chamaniques, les prières, la méditation ou la musique, se déploient les premières méta-technologies de régulation, c'est-à-dire des dispositifs symboliques et corporels capables de rétablir l'harmonie intérieure face à la complexité croissante de la conscience. Ces pratiques préfigurent les approches modernes de la psychothérapie, en particulier l'hypnose clinique, qui en représente la traduction scientifique et méthodologique. L'auteur, s'appuyant sur des travaux contemporains en neuropsychologie et en anthropologie (Wrangham, Mithen, Goudsblom, Van der Kolk, Damasio), montre que l'hypnose clinique constitue l'aboutissement évolutif de ce long processus d'adaptation. Elle reproduit, dans un cadre scientifique et contrôlé, les états de régulation autrefois spontanément induits par la nature: activation parasympathique, ralentissement respiratoire, imagerie mentale et narration symbolique. En tant que méta-régulation émotionnelle, l'hypnose vise à restaurer la cohérence entre corps, psyché et culture, répondant ainsi aux déséquilibres engendrés par la modernité technologique et la surcharge cognitive. Cet essai, à la fois spéculatif et rigoureusement documenté, invite à repenser la continuité entre les pratiques ancestrales et la science contemporaine. Il propose une interprétation anthropologique et évolutive de la conscience, considérant les techniques hypnotiques comme des héritières directes de la sagesse physiologique du vivant. À travers une écriture limpide et réflexive, l'auteur tisse un récit où se rejoignent archéologie, neurobiologie et philosophie, pour éclairer une question fondamentale: comment l'espèce humaine, ayant appris à maîtriser le feu du monde, peut-elle aujourd'hui apprendre à apaiser le feu de son esprit ?

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9798270053475

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